La servante écarlate de Margaret Atwood
"La servante écarlate", plus connu sous le nom "The Handmaid's Tale" a récemment été adapté en série TV par la plateforme de vidéos à la demande, Hulu.
Et je dois dire, j'ai tellement adoré cette série que j'en attendais beaucoup mais alors beaucoup de ce roman dystopique écrit par Magaret Atwood en 1984, à l'heure où le mur de Berlin existait encore.
Si l'adaptation est du genre à vous prendre au cou de part sa violence, ses non-dits et sa froideur, le livre est un tantinet plus "sage".
Il est évident qu'il est toujours un peu trop facile de comparer une oeuvre audiovisuelle à l'oeuvre d'origine, surtout lorsque l'oeuvre en question a été écrite il y a plus de 30 ans.
Ce qui fait le succès de la série vient très certainement du fait que Margaret Atwood a remasteriser son roman pour l'adapter en essayant de le moderniser avec des problématiques actuelles, en approfondissant certaines thématiques comme l'homosexualité, le plaisir sexuel et le passé des personnages.
Il n'en reste que ce roman est une référence incontournable de la littérature dystopique.
Ce qui nous interpelle c'est le réalisme et la possibilité que cette fiction n'en soit pas une.
Une chute drastique de la fécondité amène des fanatiques religieux de la nouvellement née République de Gilead à caster les différentes couches de la société par fonction. Les femmes fertiles doivent donner leur corps aux classes aisées infertiles. Principe de don de soi au service des autres basé sur un extrait existant de la Genèse, celui de Jacob et de ses épouses Rachel et Léa et de leurs servantes.
«Voyant qu’elle ne donnerait pas d’enfant à Jacob, Rachel lui dit : “Voici ma servante, Bliha. Va vers elle et qu’elle enfante sur mes genoux : par elle, j’aurai moi aussi des fils.» (“Genèse”, 30, 1-3)
Si ce roman nous rappelle à nos libertés actuelles acquises par un long combat féministe, social et politique, il nous rappelle aussi à la fragilité de nos institutions et à celle de "la paix" sociale. Tout au long du récit, nous suivons Defred, le personnage principal, en se rappelant de sa "vie d'avant", de ses libertés de femme, elle créer le contraste avec sarcasme entre cette société glaçante et aliénante et celle d'autrefois.
Car à l'image de "1984"et de son personnage principal Winston Smith, Defred tend parfois à douter, à ne plus savoir à qui se fier, en oubliant parfois les raisons qui la pousse à se battre encore, loin de sa famille et loin de ses libertés.
Dans la Postface, l'auteur explique ses motivations, son intérêt pour la dystopie et sa ferme volonté d'alimenter son récit de faits historiques et avérés.
Le visionnage de cette série et la lecture de cette oeuvre ne pourra pas vous laisser indifférent. Les problématiques et les enjeux abordés sont actuels, décisifs et communs à tous. Margaret Atwood précise qu'il n'est pas question ici d'un roman dystopique féministe mais d'une dystopie sociale, où le pouvoir de certains peut mettre à mal la liberté de tous.
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