La Passe-miroir : "Les Disparus du Clairdelune" de Christelle Dabos
Si le Tome 1 était une vraie surprise, ce Tome 2 est définitivement un coup de coeur.
On y retrouve Ophélie toujours accompagnée de la Tante Roseline dans l'univers impitoyable du Pôle. La jeune Passe-miroir est officiellement présentée à la cour après de longs mois, cachée et grimée en valet.
Et comme nous ne sommes plus à un malentendu près, Ophélie est promue Vice-conteuse auprès de la cour où elle devra se représenter chaque soir pour raconter des contes essentiellement destinés à divertir l'Esprit de famille Farouk.
Ce tome est définitivement celui où Ophélie se révèle.
En osant tenir tête à Farouk mais aussi à Thorn, son fiancé, envers qui elle ressent de la méfiance et des sentiments plus que platoniques, elle affirme un vrai caractère et des ambitions nouvelles. Si son don de passe-miroir qui, jusque là, lui a davantage servit à se sortir de bons nombres d'aventures malheureuses, dans ce tome, c'est son don de Liseuse qui va lui être utile pour résoudre les mystères toujours plus obscures du Pôle.
A la demande de ce cher et non moins conventionnel Archibald, Ophélie est amenée à enquêter sur les mystérieuses disparitions de la bourgeoisie de l'Arche et va découvrir que les menaces reçues par les portés disparus du Clairdelune sont expédiées par la même personne qui la menace depuis son arrivée au Pôle, un mystérieux inconnu qui agirait au nom de Dieu,
Les révélations du Livre de Farouk nous amène à imaginer le monde avant la Déchirure et nous livre de nombreux éléments sur son passé et sur les origines des Esprits de famille.
L'aspect que j'ai tout particulièrement apprécié dans cette lecture, c'est la présence des différents niveaux de lecture que Christelle Dabos nous propose. L'auteure nous livre des questionnements universels qui pourraient se poser à chacun d'entre nous. Abordant des sujets comme l'existence avérée ou non de Dieu, de son rôle parmi nous et de l'origine du monde. Des questionnements plus personnels comme la découverte de sa propre histoire, du fait de se souvenir de ce qui a été oublié, du besoin d'être reconnu et aimé, l'importance des liens du sang, de la signification du mariage et de notre vision du monde et des illusions qu'il referme. Ajoutons à cela les différents arcs scénaristiques propres à chaque personnage et l'univers toujours plus foisonnant développé dans cette histoire.
Et si vous êtes du genre "mauvais sens de l'orientation", une illustration annotée et réalisée par Laurent Gapaillard est à découvrir au début du roman pour illustrer ce voyage au coeur de la Citacielle.
Illustration : Laurent Gapaillard, Gallimard Jeunesse
Cette histoire regorge de personnages où la hiérarchie et les liens se révèlent au fur et à mesure. Et ça tombe bien, car si vous aimez les jolies choses et les schémas en arborescence, vous apprécierez très certainement le travail réalisé, une fois encore, par Laurent Gapaillard, auteur des couvertures de la Passe-miroir, pour nous aider à comprendre les liens du sang et les clans du Pôle.
Illustration : Laurent Gapaillard
De plus, j'ai été surprise de l'attachement que j'ai finit par développer pour Thorn. Derrière ses traits durs et son implacable rigueur, Thorn est un personnage aux multiples facettes qui se révèle être sensible et chaleureux, dans ses bons moments - évidemment. Il reste très difficile à cerner mais c'est justement pour cette raison, que l'on reste intrigué par ce personnage en se posant la question : "A-t-il vraiment un coup d'avance ? Ou est-il aussi pommés que nous ?"
En tout les cas, ce Tome 2 est incroyablement dynamique. Il installe définitivement les enjeux majeurs de cette saga où un nouvel élément fait son entrée avec la révélation de "L'Autre" lié à Ophélie et à son don de Passe-miroir.
Cette histoire ne cesse de nous questionner et de remettre en question ce que l'on pensait acquis. Sans, bien évidemment, vous parler de la fin, je vous conseille d'avoir le Tome 3 à portée de main pour éviter la crise de nerfs.
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